Critique – La cavale du Dr Destouches – Christophe Malavoy – Paul et Gaëtan Brizzi – Futuropolis
Nous sommes en juin 1944 à Paris. Les Alliés ont débarqué et ça chauffe pour Céline qui choisit de se réfugier en Allemagne avec Lucette, son épouse, et Bébert, son chat.
Après un passage à Baden-Baden et à Berlin, il atterrit à Sigmaringen où Fernand de Brinon a reconstitué un gouvernement fantoche. Cette petite ville du Bade-Wurtemberg accueille les dignitaires français dans le château des Hohenzollern, les autres occupent dans des conditions parfois précaires les auberges du coin (cf. l’excellent roman de Pierre Assouline sur cet « exil »).
Sigmaringen est un immense foutoir dont les formidables dessinateurs restituent avec parfois des accents boschiens la déliquescence. La couleur en moins. Pendant ce temps, Céline, fidèle à lui-même, éructe contre « l’élite collaboratrice ». Des extraits d’un « Château l’autre », de « Nord » et de « Rigodon » sont fréquemment cités par Christophe Malavoy, auteur du texte.
Cet admirateur de celui qui a révolutionné la littérature française (j’ai pu l’écouter à la Foire du livre de Brive en 2012) tente de réhabiliter le personnage en le présentant comme un vieil anar, certes en colère contre le monde dans lequel il vit, mais aussi capable de compassion envers ses semblables. « La condition humaine, c’est la souffrance » affirme t-il en se prenant pour exemple. Il affirme même à la page 16 avoir sauvé des Juifs. Une assertion qui reste à prouver.
On se demande finalement ce que Céline est allé faire dans cette galère. En mars 1945, il débarque à Copenhague et revient en France en 1951.
Il reste de Céline une œuvre romanesque puissante dont cette BD nous donne un aperçu et une vie rocambolesque dont l’épisode sigmaringien est le plus ubuesque.
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