Critique – La revanche de Kevin – Iegor Gran
Si vous cherchez un prénom considéré comme le marqueur social par excellence, c’est bien sûr Kevin qui vous viendra à l’esprit. Il est porté par les enfants nés au début des années 90. Mais les têtes blondes ont grandi et sont devenues adultes. Pas facile de s’intégrer dans le monde professionnel, surtout si on travaille pour une grande radio nationale un brin élitiste.
En grossissant le trait, comme il l’avait fait avec délectation en 2011 dans « L’écologie en bas de chez moi », Iegor Gran prend un malin plaisir à imaginer un Kevin qui cherche à se venger de ceux qui le regardent de haut, déduisant de son prénom ses origines sociales.
La proie est un certain Pradel, écrivain de seconde zone en mal de renommée mais doté d’un égo surdimensionné. Kevin, devenu Alexandre Janus-Smith pour la bonne cause, lui fait miroiter que son dernier roman sera publié par une grande maison d’édition. Il le fait patienter en inventant de multiples prétextes puis disparaît dans la nature.
Cette plaisanterie ne libère pas pour autant le jeune homme de son complexe. Elle tourne même au drame car Pradel se suicide. Une enquête est menée et la famille du mort met tout en œuvre pour celui qui aurait poussé l’auteur à se supprimer.
Avec un humour noir réjouissant, « La revanche de Kevin » prend le parti de nous dire qu’on est victime de ses origines. Le roman dresse aussi un savoureux portrait d’un certain milieu intello parisien.
EXTRAITS
- « Il y a des prénoms prédestinés aux pires beaufitudes, dit Olivier. » (p. 133).
- « on se demande ce qu’il a dans la tête à force de penser à son prénom comme à une écharde. » (p. 138).
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