Critique – L’administrateur provisoire – Alexandre Seurat – Le Rouergue
Il y deux fantômes dans « L’administrateur provisoire » : celui de Raoul H., l’arrière-petit-fils du narrateur, qui ressurgit d’un passé sombre et le frère de celui qui nous chronique ce fait divers sordide qui s’est suicidé parce qu’il a appris la vérité sur son ancêtre.
La réalité des faits, les membres l’ont soigneusement cachée ou oubliée ; « C’était l’époque » répond-on comme pour excuser des faits impardonnables.
Automne 1940, les occupants nazis exigent un recensement des entreprises propriétés des Juifs. Mais le projet est plus « ambitieux » qu’un simple décompte. Il s’agit d’empêcher ceux qu’on appelait les Israélites de ne plus être en contact avec les fournisseurs et les clients. En cas de refus de vente, un administrateur provisoire est nommé qui s’en chargera. Raoul H. est de ceux-là. Il profitera même de sa mission au Commissariat général aux question juives pour s’enrichir personnellement. A la libération, il devra rendre des comptes aux familles de ceux qui ont disparu dans les camps de concentration et il n’exprimera aucun regret.
Avec autant d’obstination que celle que Raoul H. a mise en œuvre pour traquer les biens des Juifs, le narrateur se met en quête de la vérité en se plongeant dans les archives.
Mené à la manière d’une enquête journalistique, ce récit, qui n’a pas la même puissance que « La maladroite » (peut-être cela tient-il au sujet qui fleure un peu le déjà lu ?), premier roman de l’auteur, est une plongée dans la vie d’une espèce de petit fonctionnaire zélé qui participa à la collaboration. Un comportement que les familles, en gardant enfouis leurs secrets, ne veulent pas regarder en face. Au risque de faire des victimes collatérales longtemps après les faits…
Merci à Masse critique de Babelio et aux Editions du Rouergue.
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