Critique – Le chagrin – Lionel Duroy
Largement autobiographique, ce roman fait défiler sous nos yeux plus de soixante années de la vie d’une famille : les Dunoyer de Pranassac. La particule ne doit pas nous leurrer. Théophile, alias Toto, le patriarche, tirera toute sa vie le diable par la queue.
Gouailleur, irresponsable, faible, menteur (pour éviter de sa faire houspiller par sa femme Suzanne), il est décrit avec tendresse par son fils, le narrateur.
William et ses neuf frères et soeurs sont mal partis dans la vie : nés dans une famille d’extrême-droite vénérant le maréchal Pétain, pro-Algérie française, antisémite et, comme il se doit, bien raciste, ils s’en sortiront finalement plutôt bien, unis par une même haine pour leur mère, sorte de Folcoche névrosée (« la salope » l’appellent-ils). Cette femme issue de la petite bourgeoisie bordelaise, vénérant un père militaire dont le plus haut fait d’armes fut de tirer sur des manifestants, a des rêves de grandeur. Pourquoi donc a-t-elle épousé ce Toto dépourvu d’ambition ? Mystère. Peut-être a t-il, comme on dit, des talents cachés, lui qui lui fait dix enfants en peu de temps ? Les rapports d’amour-haine qui caractérisent le couple deviennent invivables pour les enfants, en particulier pour William.
Magnifique preuve que l’enfance, heureuse ou malheureuse, influe sur notre vie d’adulte, « Le chagrin » est un livre à la fois bouleversant, cruel et tendre. Il devrait séduire le plus grand nombre et donne envie de lire les précédents livres de Lionel Duroy.
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