Critique – Le huitième soir – Arnaud de la Grange – Gallimard

Critique – Le huitième soir – Arnaud de la Grange – Gallimard


Huit chapitres pour décrire les huit journées qui ont précédé la bataille de Dien Bien Phu, synonyme de débâcle de la France en Indochine.

Une poignée d’hommes va se sacrifier au nom de la grandeur de leur pays qui se moque bien de cette chair à canon.

Le narrateur qui se rêvait en « pèlerin d’Angkor » (référence à Pierre Loti) se retrouve « planté dans une grande mare de boue ». Pourquoi ce garçon de vingt-six ans pas particulièrement patriote et encore moins nationaliste s’est embarqué dans cette « sale histoire » ? C’est probablement la frustration, parce que né trop tard, de ne pas avoir pu résister pendant la Seconde Guerre mondiale et un accident de moto qui vont le pousser vers l’aventure. Son corps brisé qu’il s’emploie à réparer dans la souffrance va paradoxalement l’inciter à trouver dans les épreuves une manière de conjurer la mort, de renouer avec la fraternité découverte dans le centre de rééducation et, tout simplement, de trouver un sens à sa vie en fuyant la tranquillité du quotidien.

En donnant la parole à un simple combattant, Arnaud de la Grange, dans un très joli style, donne une incarnation à la guerre tout en soulignant ses paradoxes : son atrocité, son absurdité mais aussi la camaraderie, le sentiment de liberté, un certain respect pour le courage et les valeurs de l’ennemi. Une vision polysémique qui fait la force du roman.

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