Critique – Le roi n’a pas sommeil – Cécile Coulon
Nous sommes quelque part aux Etats-Unis dans les années 30. Le lieu et le moment n’ont que peu d’importance. Ce qui compte, c’est le personnage principal, un certain Thomas Hogan. Né dans une petite ville où le regard des autres est souvent inquisiteur, voire accusateur, où les habitants connaissent l’histoire de chaque famille, leurs secrets, en profitant pour juger autrui, Thomas est le fils d’une mère aimante et d’un père qui devient violent dès qu’il a abusé de la bouteille. Enfant taciturne, au physique fragile (il ressemble à « une guitare mal accordée »),Thomas devient franchement taiseux à la mort accidentelle de son géniteur. Pour se nourrir lui et sa mère, il travaille d’arrache-pied sur l’exploitation familiale, devenant enfin un homme digne de ce nom, viril, musclé. Mais toujours aussi mutique… N’est-il pas passé trop tôt de l’enfance à l’âge adulte ?
Thomas, on le voit, n’est pas fait pour le bonheur. Déçu par une amitié brisée, il refuse les avances de la seule femme qui lui porte de l’intérêt.
Dans un style sec, lapidaire, Cécile Coulon, jeune auteur d’une vingtaine d’années, nous livre le portrait très sombre d’un homme peu doué pour la vie. Sans donner d’explications, sans donner son opinion, laissant au lecteur toute liberté pour appréhender la psychologie complexe du personnage. C’est magnifique. Et « Le roi n’a pas sommeil » nous rappelle un peu Steinbeck. Le titre du livre fait référence au film d’animation de Paul Grimault « Le roi et l’oiseau » scénarisé par Jacques Prévert.
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