L’édition 2015 des « Territoires perdus de la République » présentée comme la troisième mouture « augmentée » de la version de 2002 me fait ressentir un certain malaise.

Premier embarras : l’ouvrage est placé sous la direction d’Emmanuel Brenner et postfacé par Georges Bensoussan qui sont en fait une seule et même personne ! Second trouble, le plus sérieux celui-là est la manière dont les auteurs instrumentalisent les témoignages d’enseignants pour affirmer que l’antisémitisme est le seul à progresser dans les écoles de la République, atténuant d’autres manifestations de racisme. S’il ne faut pas occulter la progression des atteintes aux Juifs, inadmissible dans un pays comme la France qui se veut la patrie des droits de l’homme, il ne faut pas faire de la haine du Peuple élu une généralité. Pour avoir un avis plus équilibré sur le sujet, il est préférable de lire les travaux du sociologue Michel Wieviorka, en particulier « La tentation antisémite, la haine des Juifs dans la France d’aujourd’hui » qui, tout en considérant l’importance du mouvement, la relativise.

Il ne s’agit pas de minimiser les agressions verbales et physiques dont est victime une certaine catégorie de population mais de considérer, dans leur ensemble, toutes les formes de violence pour tenter de lutter globalement contre elles. Qu’elles se déroulent au cœur de l’école ou ailleurs.