Marc, derrière lequel se cache l’auteur, est journaliste et écrivain. Fasciné par le destin des enfants de criminels de guerre, il part à Belgrade pour enquêter sur le suicide d’Ana, la fille du Général Madlic, commandant en chef de l’armée de la république serbe de Bosnie et grand ordonnateur du siège de Sarajevo et du massacre de Srebenica. La presse francophone l’a surnommé « le boucher des Balkans ».

En rencontrant les différents acteurs et témoins des événements, tous Serbes, Marc découvre que leur version des faits est bien différente de celle présentée par les Occidentaux qui auraient pris partie pour les Croates et les Musulmans. En soutenant que la fille de Madlic aurait été assassinée (jamais elle ne se serait donné la mort en apprenant les soi-disant exactions que son père bien-aimé aurait commises), en s’épanchant sur les expulsions, tortures et assassinats dont ils auraient été les victimes de la part de leurs opposants, en dénonçant la position anti-serbe des Européens, en se présentant comme une race pure seul rempart contre l’invasion musulmane, les Serbes donnent une vision de l’histoire qui ne cadre pas avec celle véhiculée par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie situé à La Haye et chargé de juger les violations du droit international humanitaire.

Marc écoute, Marc ne juge pas même s’il ne peut s’empêcher de contredire ses interlocuteurs en leur rappelant certains faits avérés. Mais la certitude d’avoir raison et le désir de vengeance n’encouragent pas à la repentance… Même si les Musulmans de Yougoslavie ne furent pas des enfants de cœur.

« L’hiver des hommes », malgré quelques lourdeurs stylistiques et un manque de rythme, a le mérite de revenir sur un épisode dramatique de notre histoire européenne récente.

Et, peut-on espérer, comme cela est redevenu en partie possible à Sarajevo, que les différentes nationalités puissent de nouveau vivre ensemble ?