Critique – L’instant précis où Monet entre dans l’atelier – Jean-Philippe Toussaint – Minuit
On croyait tout savoir sur Claude Monet et ses « Nymphéas ». Que nenni. Jean-Philippe Toussaint, œil omniscient, saisit l’artiste pénétrant dans son atelier pour réaliser son magnum opus, dont il ne sera pourtant pas totalement satisfait. Dix années seront nécessaires au résident de Giverny pour peindre huit panneaux. Seule sa mort, en 1926, l’arrêtera.
En quelque trente pages, le geste créatif et l’obsession pour une œuvre qui efface les contingences sont captés ici avec une grande intelligence.
L’atelier des Nymphéas devient un havre de solitude qui arrache Monet, presque aveugle, à la fureur de la guerre afin qu’il compose un hymne pictural à la paix.
Ce court texte intense a la grâce.
EXTRAITS
- La solitude, chez Monet, n’est pas un retrait ombrageux, c’est une condition de son art.
- Il éprouve devant la nature un inattendu apaisement su monde.
- Car ce qu’il dépose, […], c’est la vie même, dans ses infimes variations, métamorphosée en peinture.
- Ce qui est à l’œuvre, […], c’est la conversion de la substance éphémère et palpitante de la vie en une matière purement picturale.
- Peindre, c’est oublier ses tourments intérieurs, c’est tenir à l’écart le passage au néant dont il sent l’imminence.
- Peindre les Nymphéas aura été pour lui la plus apaisante des extrêmes-onctions.
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