Critique – Ne préfère pas le sang à l’eau – Céline Lapertot – Viviane Hamy
Une nouvelle fois, Céline Lapertot frappe fort avec cette fable sur le sort des migrants.
La sécheresse sévit dans le pays de Karole, 10 ans. Avec ses parents et quelques centaines d’exilés « nez-verts » mal vus par les locaux, elle arrive à Cartimandua, une oasis où elle pourra étancher sa soif. Mais la citerne qui contient le précieux liquide explose et c’est d’outre-tombe que la fillette s’adresse à nous. Alors qu’elle devait la sauver, l’eau l’a tuée.
Parallèlement à cette histoire, l’auteure nous emmène dans un pénitencier où des prisonniers politiques ont été enfermés par le nouveau dictateur. L’un d’entre eux, T., s’est opposé au régime en écrivant des tags sur les murs. Il raconte l’enfermement, les trahisons et son amour pour les mots.
Avec une distance qui empêche de verser dans le pathos, le dernier roman de Céline Lapertot magnifie, en les incarnant, les réfugiés victimes des conditions climatiques et les combattants de la liberté. L’écriture, si belle et si puissante, rend compte avec finesse de la complexité de l’âme humaine où du mal peut naître le bien… Pour mieux expier ses péchés.
EXTRAITS
– Méfie-toi de tes idées, on en meurt.
– Alors oui, les livres, ces garnisons de mots qui nous préservent du vide, à l’heure où tant de faux prophètes brûlent les pensées qui les dérangent et attaquent au disque à découper les sites les plus anciens de l’humanité.
– Mais ce n’est pas le sang que l’on veut boire, c’est l’eau. Nos ancêtres l’ont toujours dit, Ne préfère pas le sang à l’eau. La vie, c’est gratuit. Ne fais pas couler le sang pour ce qui doit être partagé par toute l’humanité.
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