Critique – Profil perdu – Hugues Pagan – Rivages

Critique – Profil perdu – Hugues Pagan – Rivages


Les fans de « Dernière station avant l’autoroute » ont dû attendre vingt ans avant de pouvoir lire un rompol de Hugues Pagan. Cette frustration de l’expectative, je ne l’ai pas ressentie car, jusqu’à très récemment, je n’avais jamais entendu parler de cet auteur.

A la lecture des critiques élogieuses de « Profil perdu », j’attendais beaucoup des 400 pages qui le composent et j’ai forcément été un peu déçue.

Schneider est le chef du Groupe criminel d’une ville de l’Est de la France. Taiseux, désabusé, carburant aux amphétamines, le flic qui dégage des tonnes de testostérone sans en avoir conscience fait son travail sérieusement mais sans passion.

Alors que l’un de ses collègues se fait tirer dessus, il enquête sur l’assassinat. L’occasion de promener le lecteur dans un monde interlope où les barbouzes fréquentent les voyous (rappelons que Hugues Pagan a été flic et que ses descriptions sentent le vécu).

Incapable de surmonter un passé douloureux qui prend racine dans l’un des épisodes les plus sombres de notre histoire (la guerre d’Algérie), il erre comme un loup solitaire. Sa rencontre avec Cheroquee (ça ne s’invente pas !) va-t-elle l’empêcher de sombrer ?

Si le style, mélange d’argot et de poésie (avec moult références littéraires dont la dernière sublime phrase de « Gatsby le magnifique ») est séduisant malgré parfois l’abus de métaphores un peu lourdes, l’intrigue est sans grand intérêt. Schneider, retiré dans sa tour d’ivoire, est too much et le récit de sa passion presque animale avec l’infirmière aux gros seins également.

Reste l’ambiance sombre et glaciale qui se dégage de ce roman noir.

EXTRAITS

  • Tous trois haïssaient infiniment plus la magistrature que les malfrats, parce qu’il était plus facile de passer des deals, parce qu’ils avaient plus d’intérêts communs, qu’on s’entendait plus aisément avec les voyous qu’avec les juges.
  • Car c’était un petit matin bleu où ne luisaient plus qu’une étoile et un filet de lune mince comme une rognure d’ongle.
  • Un jour, Schneider avait pris perpète. Depuis, il n’avait cessé de purger sa peine.
  • C’était la première fois qu’il apprenait qu’on avait tué quelqu’un parce qu’il trafiquait de la graine de laitue. Décidément la vie était tissée de minuscules et chatoyantes merveilles, et c’était sans doute ce qui la rendait si palpitante et digne d’être vécue.

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