Critique – Tous tes enfants dispersés – Beata Umubyeyi Mairesse -Autrement
Beata Umubyeyi Mairesse a construit un roman choral pour que les trois personnages principaux expriment ce qu’ils taisent.
Blanche, la fille, a quitté le Rwanda début avril 1994. Juste avant le début du génocide des Tutsis par les Hutus.
La nationalité française de son père lui a permis de s’installer à Bordeaux. Rongée par la culpabilité, elle est habitée par les fantômes de son pays et de ses proches, réduits à des souvenirs qui s’éloignent.
Immaculata, la mère, est restée au pays. Elle attend le retour de Bosco, son fils adoré et demi-frère de Blanche, parti rejoindre les troupes rebelles.
Stokely est le fils de Blanche. Né en France, il est tiraillé entre deux cultures.
Plus qu’un roman sur une guerre fratricide, « Tous tes enfants dispersés » nous parle de l’incompréhension entre une mère et sa fille, de la difficulté à s’intégrer lorsqu’on est uniquement jugé sur la couleur de sa peau, des multiples identités qui nous composent. Au-delà de l’apparence.
C’est un texte sensible, plein d’humanité, à la fois âpre et poétique. Une jolie lecture malgré quelques redondances et des pages un peu mièvres vers la fin.
EXTRAITS
- Même lorsque la nostalgie s’est tarie, que les vieilles photos jaunies n’intéressent plus la dernière génération, demeurent des mets qui racontent encore dans la langue d’aujourd’hui les effluves de l’enfance, les fêtes et les rires d’accents tapis au tréfonds des blessures, des ruptures, des silences, qui ne disent pas leur nom. Toutes les malédictions ancestrales et les contes désuets qu’une épice suffit à ressusciter.
- Les gens qui écrivent sur nous, ceux qui cherchent à transcrire nos silences sans en connaître la partition manquent parfois de correction.
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