Critique – Tristesse de la terre – Eric Vuillard
C’est en falsifiant l’histoire que Buffalo Bill a inventé le show-business, le divertissement de masse et le merchandising. Tout cela sur le dos des Indiens qui participent, comme acteurs, à ce mensonge. Même Sitting Bull, vainqueur de Little Big Horn contre le général Custer, se fera embaucher.
Plus que le portrait d’un homme qui fit rêver les foules, avant que le western ne le détrône, « Tristesse de la terre » dénonce avec brio la société du spectacle. Son parti pris pourrait tout à fait s’appliquer à ce qu’on appelle la téléréalité qui n’est que la manipulation d’individus en mal de notoriété. Et aux spectateurs de se comporter comme les Romains assistant aux jeux du cirque. Nabila et Buffalo Bill, même combat !
EXTRAITS
- « L’idée centrale du Wild West Show était ailleurs. Il fallait stupéfier le public par une intuition de la souffrance et de la mort qui ne le quitterait plus. » (p. 18).
- « Sa vie sera la parodie de sa vie, en quelque sorte, une autre vie fabriquée, promise à d’autres. » (p. 39).
- « Le reality show n’est donc pas, comme on le prétend, l’ultime avatar, cruel et possessif, du divertissement de masse. Il en est l’origine ; il propulse les derniers acteurs du drame dans une amnésie sans retour. » (p . 93).
- « Les princes du divertissement meurent tristes. » (p. 125).
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