Critique – Un homme effacé – Alexandre Postel

Critique – Un homme effacé – Alexandre Postel


Damien North, professeur de philosophie à l’université, est un personnage sans histoire. Célibataire depuis le décès de sa compagne, il mène une vie bien réglée, solitaire et que certains pourraient qualifier de terne. Jusqu’à ce que des flics débarquent chez lui pour l’arrêter. Notre Joseph K. à l’heure d’internet aurait téléchargé sur son ordinateur des centaines de photos pédopornographiques.

D’emblée, on sait que cet handicapé en informatique est innocent. Malgré cet état de fait, la terrible machine médiatico-judiciaire va se mettre en branle et nous assisterons, en spectateur, à la chute de cet homme qui ne serait pas dans la norme.

Dans une prose classique, Alexandre Postel s’interroge sur le fonctionnement d’une justice qui serait prisonnière d’une opinion publique obsédée par la pédophilie et qui participerait à la psychiatrisation de nos sociétés. Il va plus loin en décrivant notre rapport aux nouvelles technologies. Un homme qui n’a pas de profil Facebook, justement outil de racolage de tous les pervers du monde, ne serait pas considéré comme normal ! Mais qu’est-ce que la norme ? Comment le regard des autres nous façonne-t-il, nous faisant douter de notre bonne foi ?

C’est glaçant.

Ce livre a obtenu en 2013 le Prix Goncourt du Premier Roman et le Prix Landernau Découvertes.

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