Critique – Une chanson douce – Leïla Slimani – Gallimard
Dès les premières phrases, on sait que les deux petits sont morts. La nounou a même tenté de mettre fin à ses jours.
Dans « Chanson douce », Leïla Slimani revient sur les jours qui ont précédé le drame. Myriam est mère au foyer . Même si elle aime ses enfants, cette brillante avocate étouffe dans l’appartement bobo du 10ème arrondissement. D’autant plus que la carrière de Paul, son mari, décolle et qu’il est de moins en moins souvent présent.
Elle trouve en Louise la femme parfaite pour s’occuper de Mila et d’Adam. Elle est même bien plus qu’un simple garde d’enfants. Elle leur concocte de bons petits plats, rend leur logis rutilant de propreté… Elle s’attarde de plus en plus tard, dort parfois chez eux. Peu à peu, furtivement, elle devient indispensable et vampirise leurs vies. Mais, progressivement, son comportement change. Trop heureux d’abandonner à cette femme la gestion quotidienne du foyer, les parents ne veulent pas voir cette transformation. S’ils sont plutôt accueillants avec Louise, Myriam et Paul ne savent rien d’elle, de cette solitude et de cette misère qui enfoncent dans la dépression celle dont le mari est mort, la laissant couverte de dettes, et dont la fille a disparu.
Avec une grande finesse psychologique qui ne juge pas mais qui décortique avec une certaine froideur les relations entre les protagonistes, Leïla Slimani livre un second roman où l’ambiance délétère et oppressante saisit le lecteur pour ne plus le lâcher. Un vrai coup de cœur.
EXTRAITS
- L’appartement silencieux est tout entier sous son joug comme un ennemi qui aurait demandé grâce.
- Louise est un soldat. Elle avance, coûte que coûte, comme une bête, comme un chien à qui de méchants enfant auraient brisé les pattes.
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