Critique – Voyageur malgré lui – Minh Tran Huy
Comme elle l’a fait dans le très joli « La double vie d’Irina Song », Minh Tran Huy aime s’emparer de personnages réels pour mieux appuyer son propos. Ici, l’exercice est un peu différent dans la mesure où ce « roman » est un travail en partie biographique sur son père et, en lui rendant hommage, elle parle des exilés, des voyageurs malgré eux, des migrants…
Albert Dadas qui vécut à Bordeaux à la fin du XIXème siècle présente tous les symptômes de la « dromomanie », une maladie qui le pousse à marcher vers d’autres horizons, des coins les plus reculés de France à la Belgique et à l’Algérie en passant par d’autres contrées.
Plus près de nous, Samia Yusuf Omar, athlète somalienne, qui voulut quitter le continent africain pour pratiquer sa passion.
S’exiler pour une vie meilleure, à cause de la maladie qui vous dicte de partir ou encore à cause de la guerre, c’est le destin de millions d’hommes. Ce fut celui du père de la narratrice, double de l’auteur, qui, taiseux toute sa vie, dévoile peu à peu à sa fille les vingt premières années de son existence dans un Viêtnam rongé par les conflits contre l’occupant et par la main-mise des communistes sur les consciences.
La fuite vers la France était la seule solution pour ce brillant jeune homme.
En plus de s’interroger sur l’exil, Minh Tran Huy offre une réflexion touchante et tout en délicatesse sur l’identité, les racines et la mémoire.
Petit bémol : le récit de l’histoire du père se suffisait à lui-même. C’est lui qui nous émeut. Moins les digressions sur Albert Dadas.
EXTRAIT
– « Le silence n’est pas l’effacement mais l’écrin du souvenir ». (p. 210).
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