Critique – Des feuilles dans la bourrasque – Gabriel Garcia Marquez – Grasset

Critique – Des feuilles dans la bourrasque – Gabriel Garcia Marquez – Grasset


Gabriel Garcia Marquez n’avait que 19 ans lorsqu’il écrivit son premier roman porté par trois voix intérieures, celles du grand-père, de sa fille et de son petit-fils.

Nous sommes en 1928 à Macondo, un village imaginaire de Colombie. Les trois protagonistes sont au chevet du médecin qui vient de se suicider par pendaison. Ils attendent une sépulture que les autorités locales, soutenues par leurs administrés, lui refusent. Que s’est-il passé durant la vingtaine d’années qui s’est écoulée entre l’arrivée de cet homme et sa mort ?

Il a débarqué le même jour que le curé dont la venue était attendue par la communauté. Il a logé chez le colonel – le grand-père – tout en gardant ses distances avec la famille. Les habitants l’ont rejeté après qu’il a refusé de soigner les blessés lors de la guerre civile et ils attendaient sa mort avec jubilation. Par un jugement définitif, ils bannissent cet étranger aux « yeux de chien lubrique » qui se nourrit d’herbe « comme en mangent les ânes ». C’est ce rapport à l’autre que Garcia Marquez interroge via le comportement de la population envers celui qui ne leur ressemble pas.

Dans une atmosphère étouffante et poisseuse d’un huis clos morbide, ce récit nous raconte la solitude choisie d’un homme et la compassion d’un autre. « Enterrer les morts comme le veut l’Ecriture est une œuvre de miséricorde » affirme le colonel. Pendant ce temps, sa fille se penche sur sa vie passée et se demande ce qu’est devenu ce mari parti 9 ans plus tôt en lui laissant un enfant qui lui semble aussi « abstrait » que son géniteur.

Dans ce premier roman, on voit déjà percer le talent de conteur du prix Nobel de littérature 1982.

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