Critique – Tout ça pour quoi – Lionel Shriver

Critique – Tout ça pour quoi – Lionel Shriver


C’est rare mais j’ai été bouleversée par « Il faut qu’on parle de Kevin » plutôt mal adapté au cinéma par Lynne Ramsay. « Tout ça pour quoi » n’a peut-être pas la même puissance mais c’est un très bon roman.

Shep, la cinquantaine, vient de vendre son entreprise, touchant ainsi un assez joli petit pactole. Employé dans la boîte qu’il vient de céder, il n’aspire qu’à une chose : quitter les Etats-Unis à destination d’une petite île de Zanzibar. Avec ou sans sa famille. Pour fuir un travail qu’il exècre, un meilleur ami réac et bavard, une sœur égocentrique et radine, un père qui vieillit mal ?

Shep en a surtout assez de payer pour tout le monde, tous ces gens qui le pensent riche. Y compris sa femme, une artiste, qui n’a jamais apporté un sou au foyer. Oui, mais voilà, Glynis, l’épouse dont il est toujours amoureux, est atteinte d’une forme rare de cancer qui nécessite un traitement particulièrement coûteux. Adieu l’Outrevie. Envolés les rêves de nouveau départ.

« Tout ça pour quoi » (excellent titre qui reflète bien l’esprit du livre) est bien sûr une dénonciation de système de protection sociale américain (de son côté, un couple d’amis est confronté à la terrible maladie de Flicka, leur fille adolescente, atteinte d’une dégénérescence musculaire et aux dépenses occasionnées pour payer un traitement qui ne donnera aucun résultat) mais c’est aussi et surtout une formidable galerie de personnages qui doivent subir une vie qu’ils n’ont pas choisie. Ils sont tous attachants, en particulier Glynis et Flicka, dont le cynisme leur permet de mieux affronter la maladie.

Dialogues enlevés, humour noir, histoire rythmée, écriture coulante et émotions font du dernier roman de Lionel Shriver une leçon de vie.

C’est drôle, désespérant et brillant.

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