Critique – Le maître des illusions – Dona Tartt
Ce roman a été édité en 1992 aux Etats-unis et en 1993 en France.
Dès le prologue, on sait que Bunny est mort. Selon le plan fomenté par Henry, il a été assassiné.
L’intrigue se déroule à une période indéterminée (on suppose qu’il s’agit, d’après quelques références, des années 1980). Richard, un jeune californien sans le sou et rejeté par sa famille, parvient à intégrer l’université de Hampden dans le Vermont et, en particulier, le cours de Julian, un professeur charismatique, qui recrute ses élèves avec parcimonie.
Henry, les poches toujours pleines de billets, est un jeune homme ténébreux et manipulateur. Le richissime Francis est homosexuel. Camilla et Charles sont des jumeaux fusionnels, élevés par leur grand-mère à la mort de leurs parents. Quant à Bunny, lui aussi issu d’une famille de la bonne société, il semble être un bon gars davantage porté sur les activités physiques qu’intellectuelles.
Tous ont choisi de se spécialiser dans les langues anciennes. Ce choix leur donne l’impression de faire partie d’une élite. Vivant en vase clos, le petit groupe (à part Bunny, peut-être plus ancré dans la réalité) regarde les autres étudiants avec une forme de mépris arrogant.
Et c’est Richard, le nouveau venu, qui va nous raconter leur histoire.
Ponctué par des beuveries, une consommation effrénée de substances illicites et, accessoirement, par l’apprentissage du grec et du latin, le quotidien du petit microcosme va basculer à l’occasion d’une bacchanale au cours de laquelle un fermier qui passait par là va périr accidentellement.
Bunny, absent à ce moment là, va avoir vent de l’affaire et mener un petit chantage qui le conduira à sa perte.
Et c’est au moment de la découverte de son corps, puis des funérailles que le roman va prendre toute son épaisseur psychologique. L’ambiance malsaine qu’instaurent les différents protagonistes qui semblent tous jouer un rôle va alors voler en éclats pour faire apparaître leur vrai visage et leur donner, enfin, un peu d’humanité.
Malgré quelques longueurs et une avalanche de détails et de dialogues, parfois nécessaires afin de mieux oppresser le lecteur, « Le maître des illusions » est un livre marquant et dérangeant qu’on ne risque pas d’oublier.
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