Critique – Dernière conversation avec Lola Faye – Thomas H. Cook

Critique – Dernière conversation avec Lola Faye – Thomas H. Cook


Il se rêvait grand écrivain, il ne sera finalement qu’un modeste plumitif enseignant à des élèves qu’il ennuie. Pourtant, il en avait de l’ambition lorsque, adolescent, il vivait dans le trou perdu de Glenville. N’était-ce pas pour s’opposer à son père, un être simple et maladroit qu’il méprise, qu’il tenait, chevillé au corps, ce désir de sortir de sa condition ?

Avant qu’il ne quitte la bourgade qui l’a vu naître, son géniteur a été assassiné par le mari de sa présumée maîtresse, une certaine Lola Faye. La mère du narrateur, déjà fragile, n’y a pas survécu.

C’est à l’occasion d’une séance de dédicaces qu’il retrouve l’ex-petite amie de son père qui va lui donner peu à peu une tout autre version des faits et se révéler à lui-même.

Lui qui s’est toujours donné le beau rôle, considérant que les événements tragiques survenues pendant sa jeunesse sont responsables de ses échecs, est loin d’être une victime innocente…

Avec son sens du récit et de la construction, Thomas H. Cook excelle dans l’analyse de la nature humaine.

« Dernière conversation avec Lola » est une magistrale réflexion sur la mémoire et sa déformation, sur les faux-semblants, sur le mensonge, sur la vérité et sur la rédemption.

EXTRAITS

  • « Glenville, cette pauvre bourgade insignifiante, provisoirement transfigurée en scène shakespearienne au pays des ploucs. » (p. 41).
  • « Et je pensai : N’importe quoi plutôt que ça. N’importe quoi plutôt que de rester à Glenville, d’hériter de ce magasin miteux, de finir dans la peau d’un quadragénaire en pantalon de flanelle pour qui le seul moyen d’échapper à cette débilitante médiocrité était une sordide aventure avec une vendeuse ignare, dans une chambre bricolée avec un toit en contreplaqué et des cartons en guise de lit. » (p. 145).

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