Critique – Cent millions d’années et un jour – Jean-Baptiste Andrea – L’Iconoclaste
1954. Accompagné d’Umberto, son meilleur ami, de Gio, guide de haute montagne, de Peter, un jeune scientifique allemand, et de Youri, une marionnette facétieuse, Stan s’apprête à partir à la recherche d’un dragon qu’un vieil Italien aurait aperçu à la frontière franco-italienne.
Le commun des mortels aurait cru à un canular mais pas le cinquantenaire qui imagine déjà ce qu’il va découvrir : un brontosaure, un apatosaure, un diplodocus ? Lui qui, enfant, avait pour meilleur ami un trilobite a toujours rêvé d’être paléontologue. Contre l’avis de son père, un sale type violent qui ne voit qu’un avenir pour son fils : reprendre la ferme familiale.
Equipés pour un périple de plusieurs semaines, les quatre hommes sont prêts à domestiquer la montagne pour arriver à leurs fins mais l’apprivoisement tourne souvent à la lutte, notamment pour Stan, sujet au vertige, qui n’a rien d’un « premier de cordée ». Mais l’obsession est plus forte, allant jusquà frôler la folie.
A partir d’un sujet original, Jean-Baptiste Andrea, remarqué pour « Ma Reine », son premier roman publié en 2017, a tissé un récit sur la quête d’éternité comme moyen de retourner à l’enfance où on se croit indestructible alors qu’on est confronté à la mort de sa mère adorée. Empruntant les codes du conte, « Cent millions et un jour » souligne la force des histoires qu’on se raconte pour se construire et pour enjoliver la vie (« Mais ma tristesse vient de plus loin. Elle vient du gamin qui, un jour, décida de devenir paléontologue. Pas par goût de l’aventure. Pas pour la célébrité, ou la gloire (…). Non, on devient paléontologue parce qu’on aime les histoires. Pour en raconter à soi et aux autres »). Les histoires, ce sont souvent l’expression des rêves et les vivre en vrai, c’est comme les réaliser.
Le second roman de l’auteur est aussi une formidable ode à l’amitié et à la solidarité entre les hommes. Jean-Baptiste Andrea a une voix singulière qu’il faut suivre.
EXTRAITS
- Un géant athée amoureux d’une déesse. Un ancien séminariste ventriloque, un guide qui parle la langue oubliée des montagnes. Si je les avais connus plus tôt, je n’aurais peut-être pas grandi avec un trilobite pour seul ami.
- A force d’affirmer que, dans la famille, nous avions la tristesse dans les veines, ma mère se les était ouvertes un jour, pour la laisser sortir. Ca n’avait pas marché, et la tristesse était restée.
Vous devez être connecté(e) pour rédiger un commentaire.
+ There are no comments
Add yours