Critique – Obia – Colin Niel – Rouergue
Deux mules sont retrouvées assassinées à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville la plus peuplée de Guyane derrière Cayenne ; la troisième, un certain Vakansie, a pris la tangente et il est bien évidemment le suspect idéal.
Le capitaine Anato, un Ndjuka, un des peuples noirs-marrons, et le major Marcy, un Créole, sont à sa poursuite.
Parallèlement, Vacaresse, ancien lieutenant de gendarmerie radié pour faute professionnelle devenu détective privé, est chargé par Monique, la nièce d’André, d’enquêter sur Francis, son nouveau boyfriend
Au-delà d’une intrigue qui tient la route, « Obia » est bien plus qu’un polar. Le lieu où il se déroule, et que l’auteur connaît bien pour y avoir travaillé, nous est suffisamment étranger pour nous embarquer au sens presque littéral au cœur de ce petit bout de France niché en Amérique du Sud dont la population est majoritairement composée de descendants d’esclaves et dont les traditions s’appuient sur le vaudou, l’animisme et la sorcellerie. La misère y est omniprésente et le commerce de la drogue est parfois l’un des seuls moyens pour les plus jeunes de s’en sortir alors que les trafiquants qui l’organisent s’enrichissent sans se soucier des risques qu’encourent les « petites mains ». L’histoire de la Guyane ne peut s’envisager en faisant abstraction de ses voisins, en particulier du Suriname qui, comme l’explique Colin Niel, est « considéré par la police française comme un narco-Etat » et qui, au moment de son indépendance, a vu un exode massif de sa population vers le territoire français. En 1986, la guerre civile éclate dans l’ancienne colonie néerlandaise. Elle oppose le Jungle Commando au pouvoir en place. Via le Plan Maroni, la France accueille des réfugiés surinamiens qui vont vivre dans des conditions épouvantables et vont être rejetés par la population locale.
« Obia » c’est aussi pour Anato, le « négropolitain » comme on l’appelle, la quête de ses racines, lui qui a été élevé en région parisienne par sa mère et son beau-père. En même temps qu’il investigue dans le cadre de son job de gendarme, il suit les traces d’Antonis, son géniteur, dont il hérité les incroyables yeux jaunes.
En résumé, « Obia », malgré ses 564 pages, est un roman qui nous tient en haleine jusqu’au bout.
EXTRAIT
La fusée, le bagne, l’enfer vert et les bestioles, voilà à quoi se résumait l’Amazonie française vue de Paris. Et un peu d’orpaillage depuis quelques années, pour faire sensation.
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