Critique – Les Sentiers de neige – Kevin Lambert – Le Nouvel Attila

Critique – Les Sentiers de neige – Kevin Lambert – Le Nouvel Attila


Confiant qu’il n’était pas « un enfant comme les autres » et qu’il a grandi « queer dans un monde homophobe », Kevin Lambert a mis beaucoup de lui dans « Les Sentiers de neige », plongée dans le monde de l’enfance.

Zoey, huit ans, vit à Chicoutimi au Québec. Nous le suivons sur quelques jours, de l’avant-veille du Noël 2004 au tout début de l’année 2005.

Depuis la séparation de ses parents et une autre raison que l’on découvrira à la toute fin, même si des indices sont semés comme des petits cailloux, le garçon se sent mal.

À l’école, son embonpoint, sa petite voix et son amour pour « les choses de filles » lui valent les moqueries de ses « camarades ». Bref, il évolue dans un environnement genré où les garçons se passionnent pour les châteaux-forts et les filles pour les Barbie. Sauf qu’il préfère les princesses aux chevaliers…

Il s’apprête à quitter sa mère pour passer les fêtes de Noël chez un oncle de son père.

Kevin Lambert nous livre alors un jubilatoire et cruel portrait de famille qui sent le vécu. Cette famille, le petit Zoey s’en moque. Il se réjouit surtout de retrouver Émie-Jeanne, sa courageuse cousine d’un an plus âgé que lui.

Le récit se transforme alors en un conte horrifique dans lequel les enfants vont affronter des épreuves et des monstres pour sauver la vie de Skyd, personnage échappé d’un jeu vidéo.

Pour apprécier ce roman, il faut accepter de retourner dans le monde de l’enfance, son imaginaire et ses peurs.

Il faut abandonner, le temps de la lecture, son statut d’adulte.

Et les adultes, l’auteur ne les épargne pas. À part la nouvelle « matante » Josiane, psychologue, ils sont bêtes et méchants et, surtout, ils ne comprennent pas leurs enfants parce qu’ils ont oublié qu’eux aussi sont passés par cet âge où tout est possible, y compris les souffrances tues.

Avec une grande intelligence et une écriture pleine de verve truffée de savoureuses expressions québécoises (un glossaire aurait été bienvenu), Kevin Lambert prouve qu’il est une voix singulière de la littérature francophone.

Mais que de longueurs…

Je remercie Babelio et « Le Nouvel Attila » pour cette lecture.

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