Critique – L’offrande grecque – Philip Kerr – Seuil
Avant-dernier roman de l’écrivain écossais et 13ème aventure de Bernhard Gunther, « L’offrande grecque » se déroule, comme son titre l’indique, au pays d’Homère où, pendant la seconde guerre mondiale, la mortifère idéologie nazie a aussi sévi (sort des Juifs de Thessalonique entre autres). Inutile de dire que les Allemands n’y sont pas les bienvenus.
Nous sommes en 1957 et l’ancien flic de la Kripo a changé d’identité et s’appelle désormais Christof Ganz. Bien qu’il ait été antinazi, il a porté l’uniforme de la SS, l’organisation nazie ayant absorbé la Kriminalpolizei. Après de multiples pérégrinations relatées dans les opus précédents, il se retrouve à Munich pour y travailler à la morgue. Nous sommes en 1957, année capitale pour la construction européenne. Mais le passé va refaire surface avec des personnages réels resurgis d’une époque que tout le monde voudrait oublier. Par le hasard de ces « rencontres », Bernie va être recruté par une compagnie d’assurances et chargé d’enquêter sur le naufrage, à Athènes, d’un bateau appartenant à un mystérieux allemand. Il est flanqué d’un inénarrable Grec, adepte de la trouille comme philosophie de vie, qui cite les héros de la mythologie à tout bout de champ.
Je passe sur les multiples rebondissements de l’intrigue un peu tarabiscotée pour retenir l’aspect historique de ce roman extrêmement bien documenté qui nous raconte combien la dénazification de l’Allemagne a été un leurre et comment Konrad Adenauer, alias le Vieux, a su recycler les élites du régime hitlérien en les intégrant dans la reconstruction du pays et de la création de la CEE. Guerre froide et haine du communisme, du voisin est-allemand en particulier, obligent !
Si l’Allemagne a perdu la seconde guerre mondiale, elle a su rebondir pour devenir une puissance économique de premier plan.
Pourtant, dans l’ombre, le Mossad ne se satisfait pas de ce « nazi washing » et pourchasse ceux qui sont responsables de la mort de 6 millions de Juifs.
Et puis, comme acteur et spectateur de ces bouleversements, il y a Bernie dont l’humour noir est encore plus désabusé. La soixantaine avançant, il est plus méfiant que jamais. Même avec les femmes dont l’incorrigible séducteur teuton a bien du mal à se passer. Mais il pense que « pour un homme qui approche de la fin de sa vie, il n’y a rien de plus fort que de découvrir soudain qu’il a encore l’occasion de faire une bonne action ». Ambitieux pour un Boche comme lui, songe-t-il.
EXTRAIT
Il n’y a pas mieux que Georg Grosz pour vous donner envie de boire un remontant bien tassé, ou l’impression que c’est déjà fait.
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