Critique – Avenue des mystères – John Irving – Seuil
Si on lit à l’aveugle (c’est à dire sans voir le nom de l’écrivain comme on déguste une bouteille sans avoir connaissance de l’étiquette) le dernier roman de John Irving, on décèle immédiatement la patte de l’auteur du Monde selon Garp : son imagination débordante qui semble partir dans tous les sens alors qu’elle est très maîtrisée mais aussi ses thèmes de prédilection que sont l’enfance, la religion, le sexe et la mort.
Juan Diego a 14 ans. Il est charognard, c’est à dire qu’il récupère les déchets sur une décharge d’un village mexicain. Il est aidé dans cette tâche par sa sœur Lupe, d’un an sa cadette, qui pratique un sabir que seul son frère comprend et qui lit dans les pensées. Rien ne prédestinait ce gamin misérable à devenir un grand écrivain. Son intelligence et son goût pour la lecture et les langues sont rapidement décelées par des jésuites responsables d’un orphelinat qui le prennent sous leur aile. De la décharge, il échouera dans un cirque puis s’envolera pour les Etats-Unis avec sa mère à moitié femme et sa tapette de père. A la mort de sa mère, il a en effet
été adopté par un couple improbable formé par un missionnaire défroqué et un travesti.
Plus de quarante ans plus tard, il part pour les Philippines à la recherche de la tombe du père d’un hippie. Dans l’avion, il tombe sur un duo infernal composé de Miriam et de Dorothy, une mère et une fille qui vont lui prouver que le Viagra peut être utile ! Étrangement, ces deux femmes lui rappellent sa vie d’avant. Surtout Miriam qui sait prédire l’avenir. Pour Juan Diego, la vie s’est arrêtée à l’adolescence. Depuis, il existe par ses rêves et, par procuration, par l’écriture de romans qui puisent dans sa biographie personnelle.
Voyage dans le temps, Avenue des mystères est un roman foisonnant qui nous laisse exténué mais heureux d’avoir rencontré autant de personnages hauts en couleur, y compris des animaux, avec une mention particulière pour les chiens dans le rôle d’anges gardiens de l’innocence.
EXTRAIT
– Il y a là des millions de gens au chômage ou en sous-emploi, et les catholiques voudraient qu’ils se reproduisent comme des lapins !
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