Critique – Komodo – David Vann – Gallmeister
Flanquée de sa mère septuagénaire, Tracy quitte la Californie pour Komodo afin d’y rejoindre son frère Roy.
Elle se réjouit à la perspective de pratiquer de nouveau la plongée sous-marine. Mais l’humeur de son aîné qui lui a lancé un appel à secours n’est pas au beau fixe. « Plusieurs années après son divorce, le voilà qui craque enfin, sans argent et sans amis » pense-t-elle. Mais ce n’est pas elle qui va lui remonter le moral. Mère au foyer de jumeaux de 5 ans insupportables et épouse d’un homme distant et égocentrique qui dédaigne la vie de famille, elle est au bout du rouleau et prête à tout tellement la fureur la mine.
Et sa neurasthénie, elle la manifeste par une colère explosive et un humour vengeur et cruel qui donnent lieu à des échanges savoureux dans lesquels les rancoeurs se déchaînent. Pendant ce temps, la matrone arbitre le match.
Récit tragi-comique sur le mode « Femmes au bord de la crise de nerfs », « Komodo » est le portrait d’une quadragénaire qui, au mitan de sa vie, constate que son existence n’est que désillusions, échecs, mensonges et trahisons. Via le personnage de Tracy, David Vann pose la question du choix, du poids de l’enfance sur toutes nos décisions et de la charge mentale qui pèse sur les femmes dans un modèle de société largement patriarcal. Sommes-nous des victimes en puissance ou sommes-nous responsables de nos destins ? Telle est la question soulevée par ce roman dans lequel toute mère de famille pourra se reconnaître.
EXTRAITS
- Peut-être que la vie est un immense sac à merde qui se balance dans le vent.
- Les humains bâtissent leur mini-enfer quotidien en plein paradis.
- Une mère qui refuse d’être mère est une vraie paria.
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