Critique – Les privilèges – Jonathan Dee

Critique – Les privilèges – Jonathan Dee


Plutôt partagée sur le dernier roman de Jonathan Dee, « La fabrique des illusions », j’ai voulu faire une nouvelle tentative en me plongeant dans son premier roman publié en France, « Les privilèges ». Histoire peut-être de changer d’avis sur un écrivain que certains considèrent comme l’un des meilleurs portraitistes de la société américaine contemporaine. J’avoue avoir été encore une fois un peu déçue.

Cynthia et Adam s’aiment. Ils se marient et  mettent au monde deux beaux enfants, April et Jonas. Rapidement, grâce aux opérations financières illicites d’Adam, le couple croule sous l’argent mais il continue à s’aimer. On s’attendait à ce que la famille éclate mais, dans « Les privilèges », il n’est pas question d’infidélités conjugales. Le message est clair (ou alors je n’ai pas tout compris) : l’argent fait le bonheur. La faille, on la trouve peut-être du côté de la fille de la famille qui se drogue allègrement. Sous le regard toujours compréhensif de la mère… Qu’importe. L’argent qui donne le pouvoir et des relations sont là pour protéger April. Si elle était née dans un milieu moins protégé, aurait-elle évolué de la sorte ?

On le voit, en plus de l’argent, la famille au sens étroit, est un facteur d’épanouissement. Seuls comptent les deux parents et les deux enfants. Pour se donner bonne conscience, l’épouse modèle s’investit dans les œuvres caritatives mais elle ne prend jamais de nouvelles de sa mère, de sa demi-soeur et a tendance à mépriser tous les gens qui l’entourent. Seul son père qui agonise a droit à quelques égards. La confrontation à la mort de son père nous laisse espérer que Cynthia va enfin ressentir un peu de compassion envers ceux qui ne font pas partie de son cercle proche.

Ce qui me gêne dans ce roman, à part le style pas toujours heureux (ou est-ce un problème de traduction ? Exemple à la page 25 : « En même temps elle se sent justifiée par la menace que sa crainte de voir cette journée s’achever par un désastre devienne réalité ». Ouf !), c’est que l’auteur ne prend pas position. Il se contente de décrire. J’aurais préféré davantage de cruauté.

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