
Critique – Mona et son manoir – Armistead Maupin – L’Olivier
Quel plaisir de retrouver la joyeuse bande des « Chroniques de San Francisco » ! Un plaisir d’autant plus intense que je pensais que que « Anna Madrigal », neuvième tome de la série, était le dernier.
Mais Armistead Maupin, 81 ans, a de la ressource.
Avec « Mona et son manoir », il effectue à un retour dans les années 1990.
Après son mariage arrangé avec lord Teddy, mort du sida dix ans plus tôt, Mona, alias lady Roughton, réside toujours à Easley House, une propriété dans son jus située dans le comté du Gloucestershire où elle accueille des voyageurs en mal de vieilles pierres, d’authenticité, de verte campagne et d’art de vivre à l’anglaise.
Dans cette tâche d’hôtesse, elle est assistée de Wilfred, un jeune métis gay qu’elle a adopté, d’un vieux jardinier à moitié sourd et plus très efficace et de Nilla, une labrador débordante d’affection qu’elle a accueillie après la mort du sida de son maître et qu’elle qualifie de « bonne vieille lesbienne » pour choquer son auditoire !
Un couple d’Américains, Rhonda et Ernie, son abominable mari raciste, homophobe et violent, s’apprêtent à passer quelques jours dans le manoir.
Alors que le mari ne peut s’empêcher de frapper sa femme, la très soumise et chrétienne Rhonda, celle-ci va, sous l’influence de Mona, ouvrir enfin les yeux sur l’homme odieux qu’elle a épousé.
Bien qu’elle arbore un titre de noblesse et qu’elle approche de la cinquantaine, la fille d’Anna Madrigal n’a rien perdu de sa grande gueule, de sa franchise et de son impertinence.
Le tableau serait incomplet si Michael Tolliver, le meilleur ami de Mona, et la formidable logeuse du 28, Barbary Lane, ne faisaient pas partie du scénario.
Délicieusement amoral, « Mona et son manoir » parodie avec délectation les rompols à l’anglaise qui puisent dans le crime l’occasion de décrire les relations humaines.
Avec une vraie tendresse pour ses personnages, Armistead Maupin nous propose une ode à la liberté, à la tolérance et à l’amour pour tous en brouillant les normes sexuelles encore largement imposées par la société, alors que les malades atteints du VIH tombent comme des mouches.
Si l’auteur a encore l’énergie de poursuivre l’écriture, nul doute qu’une onzième chronique devrait prochainement voir le jour.
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