Critique – Neverhome – Laird Hunt

Critique – Neverhome – Laird Hunt


Constance vit dans une ferme de l’Indiana avec son frêle mari Bartholomew. Il est tellement fragile qu’elle décide de le remplacer pour combattre aux côtés des Confédérés. Travestie en homme, elle donne le change tant sa force et la finesse de sa gâchette la fondent dans ce décor si masculin.

Avec elle, on vit le quotidien des soldats avec son lot de violence, de haine, d’hémoglobine et de crasse. On la suit aussi dans ses pensées lorsqu’elle reçoit les lettres de son amoureux ou qu’elle parle à sa défunte mère.

Au-delà d’un magnifique portrait de femme puissante, libre et vengeresse qui évolue à une époque où les armes sont une religion (n’est-ce pas toujours le cas ?) et où la justice est balbutiante, « Neverhome » est aussi un clin d’oeil à la théorie du genre qui souligne combien, à tort ou à raison, le sexe est une construction sociale et culturelle.

Très poétique dans son écriture qui est un éloge de la nature mais aussi une description très réaliste des batailles sanglantes, ce récit est un hymne à l’amour, à l’amitié et à l’antiracisme porté par l’héroïne qui est issue d’une famille qui a protégé « les manants de nègres ».

Une très belle lecture à découvrir absolument.

EXTRAITS

  • « Le fait de rester debout en ligne dans votre uniforme bleu vif , le visage répugnant et la tête grouillant de poux, à compter les morts accumulés parmi vos connaissances tout en vous faisant tirer dessus sans arrêt, ça change votre façon de voir les choses. »
  • « Sûrement que c’étaient des rebelles. Ils vous font du mal tant qu’ils peuvent et ils disent que c’est l’oeuvre de Dieu. »
  • « Plus que l’homme à la corde avec son pistolet de cavalerie. Plus que le souvenir de tous les hommes avec qui j’avais vécu dans l’armée de l’Union. Des hommes capables de pisser sur un chat à l’agonie. De se moquer d’un petit garçon perdu. De violer une femme entrée dans l’automne de la vie. De faire brûler une maison appartenant à des femmes d’église. De vous boucler dans une taule à fous et de vous y laisser pourrir. »

+ There are no comments

Add yours