Critique – Trio – William Boyd – Seuil

Critique – Trio – William Boyd – Seuil


Depuis la lecture de « Un Anglais sous les tropiques », je suis de près le Britannique William Boyd, un écrivain tellement amoureux de la France qu’il y a pris ses quartiers.

Cette fois-ci, il nous embarque à Brighton dans le Sussex. Nous sommes en 1968 mais les événements qui agitent le monde cette année-là semblent épargner la station balnéaire, théâtre du tournage d’un « film à la con avec un titre à la con » selon son producteur.

Même si les rôles secondaires ont de l’importance, le roman se concentre sur trois personnages.

Talbot Kydd, le financier du projet, est confronté à de nombreuses embûches – obligation de réécrire le scénario, caprices de la star… – et est rongé par une homosexualité qu’il continue de cacher en pleine libération des mœurs. Cet homme marié va-t-il faire son coming out ?

Plus de dix ans qu’elle n’a pas publié de roman… Elfrida Wing est en proie à l’angoisse de la page blanche. Pour oublier ses pannes d’inspiration et, accessoirement, les infidélités de son mari, le réalisateur du « film à la con avec un titre à la con », elle carbure aux alcools forts. Jusqu’au jour où elle décide de s’intéresser à la dernière journée de Virginia Woolf et revient sur les lieux du suicide de l’auteure de « Mrs Dalloway »…

Quant à la fragile et anorexique Américaine Anny Viklund, l’actrice principale du « film à la con avec un titre à la con » à la vie amoureuse compliquée, elle multiplie les prises d’antidépresseurs.

Malgré un talent certain pour raconter avec humour des histoires de paumés tout en dézinguant le milieu si superficiel, artificiel et impitoyable du cinéma, royaume des apparences, William Boyd donne l’impression d’une certaine nonchalance dans la construction de son récit vaudevillesque qui manque d’un peu de rythme.

Au fait, le titre du « film à la con avec un titre à la con » est « L’Echelle pour la lune d’Emily Bracegirdle». Le producteur avait bien raison !

EXTRAIT

Il avait commencé « A la recherche du temps perdu », sans doute pour la septième fois. Autant de signes révélateurs d’un homme qui a trop de temps libre sur les bras.

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