Critique – Ame qui vive – Véronique Bizot

Critique – Ame qui vive – Véronique Bizot


Ce roman se déroule à la montagne. Trois maisons isolées. L’une est occupée par deux frères dont l’un, le narrateur, est frappé de mutisme depuis l’incendie de la ferme qui a emporté toute sa famille. L’aîné a quitté l’Italie et la femme mariée qu’il aimait pour s’occuper de lui. L’autre abrite un certain Fouks, dramaturge misanthrope à succès venu soigner sa mélancolie par un peu de solitude. La dernière enfin héberge Montoya dont on ne sait d’où il vient exactement.

Malgré leur isolement et bien qu’ils soient peu loquaces, ces quatre-là vont se croiser, s’apprivoiser puis s’adopter. On pourra regretter ne pas en savoir un peu plus sur ces personnages. On a l’impression que, dès que le narrateur veut donner une explication, il passe à autre chose, décrivant un objet, un paysage (l’art de la digression et de l’ellipse). Comme s’il ne parvenait pas à donner une fin. Peut-être aussi pour souligner le vide et l’absurdité de l’existence. Peut-être pour encourager le lecteur à faire travailler son imagination.

Autre déception : il ne se passe pas grand chose (à part le voyage en Italie) mais cette absence d’action accentue cette impression de vacuité.

Reste le style ample, fait de phrases longues à la fois denses et légères, sans respiration, sans paragraphe, comme une longue mélopée. J’ai eu un peu de mal au début à m’adapter à cette écriture mais cette musique devenue familière est finalement ce qui sauve le livre. De même que les mots, via les lectures qu’il accumule dans son silence volontaire ou subi, vont aussi protéger le narrateur.

Ce livre fait partie de la sélection du Prix des lecteurs de la Ville de Brive 2014.

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