Critique – Amour, extérieur nuit – Mina Namous – Dalva
Sarah, la narratrice de ce premier roman de Mina Namous connue pour son blog « Jeune Vie Algéroise », parle d’enchantement lorsqu’elle entend la voix de Karim.
À près de 30 ans, elle est toujours célibataire et vit dans la maison familiale d’Alger. C’est sur son lieu de travail qu’elle rencontre celui qui va la hanter le temps d’une passion dont on sait d’emblée qu’elle ne durera pas.
Avocat parisien pour l’entreprise dans laquelle travaille Sarah, l’homme, d’origine algérienne, est en effet marié. La jeune femme va alors vivre dans l’attente des retours de l’amant tout en s’accrochant aux rares espoirs que celui-ci fait naître en elle : quitter sa femme, s’installer au pays, instaurer une relation pérenne…
Comme elle, le lecteur va être dans l’expectative et, en ce qui me concerne, ressentir de l’ennui et de l’agacement face aux comportements des tourtereaux : l’ambivalence de Sarah, qui qualifie sa relation d’un peu moche mais de grandiose, versus la lâcheté et la duplicité de Karim. Même s’ils s’aiment, ces deux-là sont incapables de rompre avec leur existence d’avant leur rencontre. Peut-être parce qu’ils veulent préserver le caractère exceptionnel de leur relation qui serait forcément banalisée par la trivialité du quotidien ou, plus sûrement, parce que, confrontés à un choix cornélien, ils ont peur de choisir …
Au-delà du récit d’un amour condamné qui m’a peu touchée, j’ai plutôt bien aimé le portrait que Mina Namous fait de sa ville qu’elle aime tant (quitte à la préférer à son bien-aimé ?), sorte de métaphore de la femme et capitale d’un pays oscillant entre inertie et énergie, entre tradition et modernité où le qu’en-dira-t-on hypocrite régit encore bien souvent les relations humaines et où la femme subit le jugement d’une société empreinte de religion refusant tous les particularismes au profit de l’oumma, la communauté.
En creux, c’est le passé douloureux d’une Algérie marquée par la décennie noire qui a effacé la relative insouciance des années postcolonisation, que nous raconte l’autrice.
« Amour, extérieur nuit » ferait en quelque sorte, par la voix de ses personnages, œuvre de mémoire, car chacun d’entre nous transporte l’histoire de ses ancêtres. En tombant amoureuse d’un homme plus âgé qu’elle, Sarah ne veut-elle pas retrouver la figure de son père disparu ?
C’est cette piste que j’aurais aimé que Mina Namous creuse. Malheureusement, elle ne fait que l’effleurer, préférant privilégier la narration d’un événement somme toute bien ordinaire, celle d’un coup de foudre fugace qui ne m’a pas transcendée. Loin de là.
EXTRAIT
La singularité est rare en Algérie, les états et sentiments sont toujours mêlés à ceux des autres.
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