Critique – Bas monde – Patrick Varetz

Critique – Bas monde – Patrick Varetz


Alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, le narrateur parle. Il parle de son père, « ce salaud qui transporte l’odeur d’une déchéance annoncée », ce père qui n’a pas de lèvres, ce père qui boit et fréquente les bars à putes, ce père que sa mère battait et qui, en retour, bat sa femme allant même, alors qu’elle est enceinte, jusqu’à déclencher un accouchement prématuré.

Il parle de sa mère qui subit les coups, est victime d’une hémorragie, sombre dans la folie, s’adresse à son fils installé dans un carton à chaussures (« cela ressemble à un cercueil miniature ») pour se plaindre de cette vie de misère. Il parle du Docteur Caudron, un médecin inquiétant, qui prie pour que le bébé ne survive pas. Il parle de sa grand-mère qui a toujours régenté la vie de son fils, décidant de tout pour le jeune couple immature. « Bas monde » nous décrit un monde où chacun reste à sa place, sans espoir de changement. Seul le narrateur peut espérer avoir un avenir plus souriant. Alors qu’il n’est qu’un fœtus, il parle une langue riche alors que son père n’a aucun vocabulaire, son seul moyen de s’affirmer étant de frapper.

« Bas monde » est un roman oppressant qui plonge le lecteur dans un huis clos familial glauque où la haine et la violence sont les fils rouges d’existences désespérantes. A sa lecture, on ressent un impression de malaise amplifiée par la répétition des situations, des plaintes de la mère, des réflexions du narrateur.

Servi par un style magnifique, juste, sec, le texte« Bas monde » aurait mérité d’être resserré. Moins de pages n’auraient pas dénaturé le propos de l’auteur.

Ce roman fait partie de la sélection du Prix des lecteurs de la Ville de Brive 2012.

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