Critique – Clara lit Proust – Stéphane Carlier – Gallimard

Critique – Clara lit Proust – Stéphane Carlier – Gallimard


Pour Clara, Proust était un nom aussi exotique que Capri ou Saint-Pétersbourg, des endroits où elle n’irait jamais.

Déterminisme social oblige, Clara la coiffeuse préfère pianoter sur son portable, poster des photos sur son compte Instagram ou encore rêver à un acteur de séries plutôt que se plonger dans une littérature aussi exigeante que celle de l’auteur de « La Recherche » qui lui est forcément inaccessible.

Un jour, un client qui trouble la jeune femme oublie dans le salon « Du côté de chez Swann », premier volume de l’œuvre maîtresse de Marcel Proust. En en commençant la lecture, Clara a une révélation.

Elle est touchée par les images que le récit évoque et décontenancée par les propos du narrateur qui décrit par de longues phrases ses insomnies. Elle se retrouve dans ce personnage qui, entre rêve et réalité et « avec une infinie délicatesse », fait affleurer des souvenirs enfouis. Elle laisse de côté le supposé intellectualisme de l’auteur pour profiter de sa sensibilité et atteindre une forme de vérité qu’elle était jusque-là incapable de décrire avec ses mots.

Tout autour de Clara, le monde s’efface. Tout entière tendue vers son livre, elle oublie JB, le beau gosse qui partage sa vie depuis trois ans mais avec lequel elle s’ennuie.

Proust lui apprend beaucoup sur l’amour qui s’envole dès que le désir est satisfait.

Mais, plutôt que de lire Clara lisant le grand Marcel avec une fraîcheur certes attendrissante, réfugions-nous dans l’original.

Le roman de Stéphane Carlier, dont j’avais beaucoup aimé « L’enterrement de Serge », est le genre de feel-good book qui me laisse de marbre.

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