Critique – En bande organisée – Flore Vasseur

Critique – En bande organisée – Flore Vasseur


Ils sont sept. Ils ont la quarantaine. Ils sont sortis d’HEC, près de vingt ans plus tôt. Sébastien, récemment divorcé et au bord du burn out, est chargé de communication pour Folman Pachs (sic) et, à ce titre, doit à tout prix éviter que ne soient dévoilés les agissements frauduleux de la « Firme ». Vanessa, célibataire sans scrupule qui soigne sa solitude à coup de Botox, travaille dans la pub. Bertrand, directeur de cabinet à Bercy, pond des notes qui ne sont jamais lues, falsifie les chiffres du chômage, oubliant ce que signifie le service public (mais apprend-on ces choses-là à HEC ?). Il est marié à Clara, une journaliste bâillonnée par sa hiérarchie elle-même censurée par les annonceurs. Le quatrième pouvoir semble bien moribond ! Il y a aussi le couple glamour que forment Jérémie, « sauveteur » richissime de banques , et Alison, desperate housewife au QI vertigineux.

Enfin, Antoine, le seul qui n’est pas rentré dans le système (on saura plus tard pourquoi), est devenu un redoutable hacker, terré qu’il est dans son petit appartement de Sarcelles. Est-il vraiment le seul être pur, l’unique redresseur de torts, une espèce de Robin des Bois moderne confronté au cynisme de nos sociétés ?

En faisant parler et agir ses personnages, Flore Vasseur, qui a également fait HEC, nous raconte l’incroyable magouille conduite par certains pays – on pense à la Grèce et à l’Italie – pour pouvoir accéder à l’euro.

Le constat est implacable : le politique est mort, vive la finance mondialisée ! Et ce n’est pas Mario Draghi, président de la BCE, Mario Monti, président du conseil italien de 2011 à 2013, et quelques membres de l’administration américaine, tous anciens de Goldman Sachs, qui pourront prétendre le contraire.

Magistralement mené et documenté par une auteure qui maîtrise bien son sujet, « En bande organisée » est un roman politico-financier qui se lit d’une traite et qui vaut bien des documentaires sur le sujet parce qu’il introduit dans son propos une dimension humaine.

Un petit bémol à ce coup de cœur : les flashcodes, ersatz moderne des notes de bas de page, qui nuisent un peu à la concentration.

Extraits :

  • « Passer devant tout le monde et griller les feux rouges. C’est tout ce qu’il reste de l’homme politique »
  • « Le succès d’un journal ne se mesure plus à la qualité de son contenu mais à sa vitesse de publication »

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