Sur une journée, un certain 9 juillet 1961, l’auteur nous raconte la vie d’une famille de la région clermontoise.

Suzanne, la mère, attend avec impatience l’arrivée du poste de télévision, le premier dans le village. Pour elle, ce petit écran est le symbole de la modernité au même titre que la table en Formica qui a remplacé la solide table de ferme. Pour elle, c’est aussi la joie, à l’occasion de la diffusion d’un reportage, de voir son fils aîné Henri parti combattre en Algérie. Ce fils tant aimé, elle lui écrit plusieurs fois par semaine et se fait belle comme si elle s’attendait à ce qu’il passe le seuil de la porte de la maison familiale qu’elle a fait recouvrir d’un crépi hideux. Elle se fait belle aussi pour se distinguer de son mari un peu fruste et attirer le regard des autres hommes, en particulier celui de Paul, le facteur.

Albert, le père, est ouvrier chez Michelin. Plutôt taiseux, il voit son existence bouleversée lorsque, alors que cette tâche incombe à son épouse, il se charge de faite la toilette de sa mère, Madeleine, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Les souvenirs affluent et Albert éprouve de la nostalgie pour la vie de paysans que menaient ses parents. Mais, ce qui le bouleverse le plus, c’est la réminiscence, qu’il avait occultée, de son expérience de soldat pendant la débâcle de 1940. Le sentiment qui le domine est la honte. Et comment se considérer comme un homme quand on se sent humilié ?

Enfin, il y a Gilles, le cadet de la fratrie. Rejeté par sa mère, il se réfugie dans la lecture et se prend de passion pour Balzac. Pour compenser le manque d’affection de Suzanne, son père l’emmène chez un instituteur qui le confortera dans son amour des livres.

Chronique cruelle d’une époque qui bascule dans la modernité, « En vieillissant les hommes meurent » est aussi le portrait tout en subtilité d’un homme qui refuse de se laisser déraciner.