Critique – Frère d’âme – David Diop – Seuil

Critique – Frère d’âme – David Diop – Seuil


« Frère d’âme » est une formidable histoire d’amitié sur fond de guerre, la première, celle qui enrôla environ 200 000 Sénégalais pour combattre sous le drapeau français.

Le roman débute par une scène saisissante : le refus d’Alfa Ndiaye d’achever son meilleur ami Mademba Diop malgré les supplications de ce dernier qui se sait perdu.

Ce regret de ne pas avoir abrégé les souffrances de son « plus que frère » est le fil rouge de ce magnifique texte. Il résonne comme un mantra, comme une mélopée lancinante qui s’adresse à Dieu, conférant au récit l’allure d’une prière. Tout au moins pour la première partie qui se déroule dans les tranchées, symboles d’un conflit absurde qui rend fou ceux qui perdent l’innocence de l’enfance et dont il faut laver le cerveau.

L’enfance, il en est question dans l’autre moitié du livre où l’insouciance s’oppose à l’inhumanité.

Inlassablement, comme une revanche sur la mort de son ami, Alfa va couper les mains des ennemis, provoquant l’effroi de ses « camarades » qui le prennent pour un dëmm, un dévoreur d’âmes, alors qu’il n’est qu’une victime. Saisissant !

EXTRAITS

  • J’ai saintement rassemblé tes entrailles encore chaudes et je les ai déposées dans ton ventre, comme dans un vase sacré.
  • La folie temporaire permet d’oublier la vérité des balles. La folie temporaire est la sœur du courage à la guerre.

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