Critique – La ballade de Lila K. – Blandine Le Callet

Critique – La ballade de Lila K. – Blandine Le Callet


Nous sommes à la fin des années 2090. Celle qui deviendra Lila K. n’est alors qu’une petite enfant lorsqu’elle est arrachée à sa mère par des hommes en noir.

Placée dans « Le Centre », elle est soumise à une sévère rééducation, elle qui ne supporte pas la lumière, les bruits, le contact physique avec les autres et a un penchant particulier pour la nourriture pour chats. Extrêmement intelligente, dissimulatrice et manipulatrice, elle fait croire à son entourage qu’elle est guérie de ses phobies. Pourquoi tant de duplicité ? Pour retrouver sa mère dont elle ne garde pourtant aucun souvenir.

Après « Une pièce montée » (2006) qui dénonce, via le récit d’un mariage, l’hypocrisie des relations sociales, Blandine Le Callet s’essaie au genre de la dystopie. Dans le monde qu’elle décrit, les caméras de surveillance scrutent les moindres gestes et paroles des citoyens ; les naissances sont contrôlées pour éviter que soient mis au monde des enfants physiquement ou psychiquement non conformes aux normes eugénistes, les dégénérés étant rejetés aux frontières, dans « La Zone », repaire de « sans dents » ; les livres « papier », sous prétexte de de leur caractère allergène, sont remplacés par des « grammabook » (mais, de toute façon, plus personne ne lit) ; le couvre-feu est strictement observé ; les animaux sont génétiquement modifiés ; la nourriture se compose d’insectes en brochettes ; les urines sont analysées automatiquement pour détecter les maladies ; même les orgasmes sont programmés ! Bref, Lila vit dans un univers orwellien dont elle arrive, grâce à sa faculté d’adaptation, à s’accommoder. Des rencontres (avec Monsieur Kauffmann, avec Lucienne, avec Justinien, avec Milo) l’aideront à sortir la tête hors de l’eau. Même Pacha, le chat, la soutiendra dans la quête de son identité.

Ménageant le suspense, Blandine Le Callet offre au lecteur une histoire à la fois émouvante et pleine d’espoir avec des personnages forts. Elle s’interroge, sur fond d’une société contrôlée et policée, sur les capacités de résilience et sur le pardon comme moyen de rédemption. Rien n’est perdu, tout est possible.

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