Critique – La campagne de France – Jean-Claude Lalumière
Proposer une excursion sur le thème « Le Théâtre des bons engins » à une bande d’agriculteurs persuadés d’aller admirer les derniers modèles de moissonneuses-batteuses, alors que l’on fait clairement référence à une monographie de Guillaume de La Perrière, auteur humaniste du 16ème siècle, c’est s’exposer à quelques désillusions sur le genre humain.
Pourtant, les jeunes Alexandre et Otto ne rêvent que de littérature et d’histoire. Pour satisfaire leur passion et remplir accessoirement leur porte-monnaie, les deux amis vont créer Cultibus, une petite société spécialisée dans les voyages culturels. A l’heure de la téléréalité et du voyeurisme, l’idée est plutôt culottée et a tout d’une gageure ! Suivant les conseils de leur comptable effarés par la situation économique de l’entreprise, ils concèdent à s’adapter à leur clientèle potentielle tout en, espèrent-ils, garder intacte leur probité intellectuelle. Les voilà donc partis pour proposer un périple en bus pour le moins surprenant intitulé « Du Pays basque au pays des Chtis, les relations franco-allemandes au 20ème siècle à travers les œuvres de François Mauriac, Jean Giraudoux, Dany Boon usw… » (comme dirait Otto) à l’Amicale des retraités de Saint-Jean de Luz. Tout un programme ! En effet, c’est un sacré pari de vouloir inculquer un minimum de culture à des gens qui ne pensent qu’à manger, à aller aux toilettes, à visiter, histoire de se rincer l’oeil, La Faute-sur-mer, cette commune ravagée par la tempête Xynthia.
On n’en dira pas plus sur ce roman souvent drôle qui se lit avec plaisir mais on aurait préféré davantage de férocité envers une société qui valorise l’inculture et la bêtise. Et ne parlons pas d’un phénomène générationnel car l’ignorance n’est pas où l’on pense.
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