Critique – La sonate à Bridgetower – Emmanuel Dongala – Actes Sud

Critique – La sonate à Bridgetower – Emmanuel Dongala – Actes Sud


Paris en 1789. La Révolution couve. Alors que les nantis s’amusent, le peuple souffre. C’est en cette période troublée que Frederick de Augustus et son fils George débarquent en France après avoir quitté la cour du prince Esterhazy. Dans la lignée d’un Leopold Mozart qui exhiba le petit Wolfgang à travers l’Europe, l’ambitieux et mythomane père (il se présente comme un prince d’Abyssinie alors qu’il descend d’une famille d’esclaves de La Barbade) est prêt à tout pour apporter la célébrité à son enfant, un talentueux violoniste âgé de 9 ans. Le jeune mulâtre (sa mère est d’origine polonaise) rencontre un certain succès mais le soulèvement populaire l’oblige à rejoindre Londres où il reçoit la protection du prince de Galles.

Inspirée de faits réels, cette fresque à la fois historique et intimiste nous raconte le fourmillement intellectuel et culturel d’un 18ème siècle finissant où le concept de liberté s’impose dans les esprits ce qui n’empêche pas le racisme de prospérer. C’est aussi un récit d’apprentissage, celui d’un garçon très doué qui supporte de moins en moins la tutelle de son père et l’engagement de celui-ci en faveur de la lutte contre l’esclavage. George cherche avant tout à s’assimiler et à devenir « un bon petit Anglais » alors que le regard des autres le voit comme un Noir qui apporte une touche d’exotisme à leur existence monochrome. En le faisant revivre plus de 150 ans après sa disparition, c’est un hommage qu’Emmanuel Dongala rend au brillant interprète pour lequel Beethoven écrivit la sonate pour violon et piano n°9 en la majeur qui devint, nous le saurons à la toute fin du roman, la sonate à Kreutzer..

Composé dans un style désuet et un peu raide qui colle à l’époque décrite, abusant parfois du « name dropping », « La sonate à Bridgetower » n’a pas la puissance de « Johnny Chien méchant », de « Portrait de groupe au bord du fleuve » ou encore de « Les petits garçons naissent aussi des étoiles ». La conséquence est qu’on ne parvient pas à s’attacher au personnage principal qui manque d’épaisseur.

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