Critique – L’Agent – Pascale Dietrich – Liana Lévi

Critique – L’Agent – Pascale Dietrich – Liana Lévi


Anthony Barreau aurait pu dire qu’il a voulu venger sa race. Ce n’est pas l’écriture, comme Annie Ernaux, qui va lui permettre d’obtenir réparation de la jeunesse misérable qu’il a eue mais un job très rémunérateur consistant à mettre en relation des commanditaires de meurtres et les tueurs qu’il recrute.

Le roman aurait pu s’appeler 10%, le pourcentage qu’il s’octroie si le deal réussit lui permettant de vivre avec ses deux Saint-Hubert nommés Papa et Maman dans le très chic XVIe arrondissement de Paris.

Dans un club de tir où il a l’habitude de repérer ses futurs mercenaires, il remarque une jeune femme dont le tir à la précision époustouflante l’éblouit. Elle s’appelle Alba. Championne d’Europe de biathlon, elle a dû abandonner toute activité sportive après un accident.

Mais avant de travailler pour Anthony, elle devra se prêter à un sevrage alcoolique.

À la suite d’un contrat qui se termine mal, Alba n’étant pas pour rien dans cet échec, Anthony est menacé par des trafiquants de drogue du genre sanguinaires et doit prendre le large.

À l’autre bout de la capitale, Thérèse, septuagénaire à la tête d’une agence matrimoniale à l’ancienne criblée de dettes, réside chez son neveu à la suite d’un AVC qui l’a tellement affaiblie que le seul membre de la famille qui lui reste envisage de la placer en EHPAD. Hors de question pour cet électron libre au caractère bien trempé de végéter dans un mouroir.

Aidée par des amies, elle prend la tangente et se retrouve, pour une raison improbable que je ne dévoilerai pas, avec Anthony dans sa cavale… Et quelle meilleure planque qu’un camping à Vierzon ! Le duo, assez rapidement transformé en trio avec l’arrivée inopinée d’Alba, va devoir se prêter aux joies des activités de la « France d’en bas » : parties de pétanque, soirées barbecue, l’apéro comme une religion… Si le solitaire et misanthrope Anthony a un peu de mal à adopter le mode de vies des « petites gens » avant d’apprécier cette forme de fraternité, Thérèse s’y glisse comme un poisson dans l’eau.

Polar social à l’humour noir réjouissant, « L’Agent » est un roman délicieusement immoral ou plutôt un récit qui campe des personnages ayant leurs propres règles de fonctionnement peu compatibles avec une vie en société harmonieuse.

Un bon moment de lecture.

EXTRAIT

– Les professionnels d’Anthony prenaient soin de ne sacrifier aucune vie innocente. Il proposait un crime de qualité.

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