Critique – L’autre Joseph – Kéthévane Davrichewy – Sabine Wespieser

Critique – L’autre Joseph – Kéthévane Davrichewy – Sabine Wespieser


Avec « La mer noire », l’auteure de « L’autre Joseph » s’était attachée à sa famille maternelle en incarnant Tamouna, son aïeule.

Sur la photo de la couverture du dernier opus de Kéthévane Davrichewy figure son arrière-grand-père paternel, un homme qui ressemble étrangement à Joseph Staline, le futur dictateur qu’il a connu dès l’enfance et dont il serait le demi-frère…

Faute de documents et de souvenirs rapportés par ses proches qui ont presque effacé la mémoire de cet aventurier, l’écrivain laisse libre cours à son imagination pour camper un personnage haut en couleurs. Né en Géorgie à la fin du 19ème siècle, Joseph est le fils du préfet de Gori. Son enfance est celle d’un gamin de cette époque issu d’un milieu bourgeois. Sa grand-mère et sa mère meurent quasiment en même temps et son père n’éprouve que de l’indifférence pour ce garçon bien remuant qui n’hésite pas à faire le coup de poing. En même temps qu’il se forge une conscience politique en dénonçant la russification de son pays et en s’engageant auprès des révolutionnaires, il apprend la vie, la sensualité, l’amour…

En filigrane, la figure du « petit père des peuples », peu appréciée du « héros », est omniprésente. On devine, en découvrant la jeunesse «imaginée » de celui que ses camarades surnommaient Sosso, ses velléités autoritaires et sa capacité à éliminer ses adversaires.

Si j’ai un peu moins aimé « L’autre Joseph » que « La mer noire », ressentant moins d’empathie pour l’ancêtre paternel de l’auteure que pour Tamouna, j’ai trouvé que la description du processus qui mène à la révolution est pertinente. Au-delà de la vie d’un baroudeur assez peu sympathique, c’est l’arrière-plan historique qui rend « L’autre Joseph » intéressant.

EXTRAITS

  • On ne pourra jamais vivre comme les autres, nous marier. Autre chose nous attend.
  • L’héroïsme se transforme en crime, et le crime en héroïsme selon la comédie que jouent les hommes…

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