Critique – Le piéton de Rome – Dominique Fernandez – Philippe Rey

Critique – Le piéton de Rome – Dominique Fernandez – Philippe Rey


C’est dans la « città eterna » que j’ai eu le plaisir de lire les impressions romaines de l’esthète qu’est Dominique Fernandez parti sur les traces de Michel-Ange, Caravage, Borromini et Bernin, les quatre principaux artistes qui ont façonné la ville, les constructions antiques n’ayant pas été signées. Sauf par les empereurs !

L’impression qui domine est que « Rome est un palimpseste de civilisations » où se mêlent paganisme et christianisme. Son génie réside dans le culte qu’elle voue au corps de l’homme nu et ce, malgré les injonctions pontificales. Alors que les femmes, « outils » de reproduction, sont le plus souvent habillées, le sexe masculin est objet de désir ce qui n’est pas pour déplaire à l’auteur de « L’étoile rose ».

En déambulant dans la capitale italienne, le piéton « tombe » sur les bâtiments qui font sa renommée internationale : le Colisée, le Panthéon, Saint-Pierre, le Capitole… Sans oublier les innombrables églises dont les façades, parfois modestes, recèlent une avalanche de dorures et de marbres mais aussi de remarquables peintures. Du pur baroque soulignant la puissance de l’Eglise qui pourrait rendre un catholique athée tellement cet étalage de luxe contredit le message du Christ et des Evangiles. Mais, sans cette volonté mégalomane d’afficher sa grandeur, toutes ces merveilles n’auraient pas vu le jour.

Rome a aussi la capacité de nous faire sortir du carcan artistique au service des autorités qu’elles soient religieuses ou politiques pour nous proposer des « lieux de simple rêverie » tels que le cimetière non catholique » où sont enterrés le fils de Goethe, Shelley ou encore Gramsci.

Malgré ou peut-être à cause de son somptueux patrimoine, « Rome est devenue un désert culturel » se lamente l’auteur. Ce constat, il le fait également au sujet de l’ensemble de l’Italie victime d’une « sorte de léthargie intellectuelle », conséquence de « l’époque Berlusconi ».

Mais c’est dans la capitale que cette pauvreté est la plus marquante : pas de grandes maisons d’édition, pas d’opéra digne de ce nom… Avec Chateaubriand, on pourrait s’exclamer : « Rome, capitale de l’ennui ». Sans être aussi tranchée, je dirais que l’Urbs paraît confite dans son passé. Mais quel passé !

+ There are no comments

Add yours