Parce qu’il a trébuché lors du défile du 14 juillet sur les Champs-Elysées, on propose au narrateur, ingénieur de formation, de participer à des expériences « intéressantes » à Reggane dans le Sahara. En quelques pages, Christophe Bataille nous fait revivre, par la voix de ce jeune homme, l’horreur vécue par une poignée de « volontaires » pour que la France devienne une grande puissance nucléaire. C’était en 1961. Si près de nous. Des dizaines d’années plus tard, le « héros malgré lui » souffre toujours des séquelles de l’exposition aux radiations. N’ayant pas le droit de parler, il écrit. Et sa parole nous saisit d’effroi.

EXTRAITS

• « Après ces dizaines d’années, je ne dis plus rien. Je ne pense plus. Seule la peau, tachée, brune, effrayante, parle. » (p. 38).
• « Nous étions comme de l’eau. J’ai vu ma main translucide. J’ai vu mon dos comme une arête. J’ai vu mes yeux racornis, desséchés, encore vivants. J’ai vu mon cerveau bleu, évidé tel un buisson. » (p. 46-47).