Critique – Ma ZAD – Jean-Bernard Pouy – Gallimard
Décidément, rien ne va plus dans l’existence de Camille qui traverse une crise existentielle.
Responsable des achats du rayon frais d’une grande surface qui surfe opportunément sur la « mode » bio, il en profite pour récupérer des biens abandonnés par la « sublime société de consommation » pour les offrir « à ceux qui ne voulaient plus que l’on bousille les petits crapauds baveux », en l’occurrence à ceux qui occupent une ZAD pour lutter contre l’implantation, par la puissante famille Valter, d’une plateforme non loin du port de Dunkerque.
Dans la foulée de l’évacuation de la zone à défendre, il est interpellé, son hangar est incendié, il perd son boulot, sa petite amie le quitte et il se fait tabasser…
Plus pour donner un sens à sa vie qui part à vau-l’eau que par véritable engouement pour l’engagement collectif, il soutient le combat des zadistes. L’occasion de rencontrer l’insaisissable Claire, la petite vingtaine, dont il tombe follement amoureux. Mais passion ne rime pas avec raison…
Si l’intrigue développée par Jean-Bernard Pouy qui, à 72 ans, n’a rien perdu de sa capacité d’indignation, présente peu d’intérêt, le style truculent et gouailleur fait mouche. Entre désenchantement et luttes écolo-politico-sociales, le vieil anar dénonce comme il se doit nos sociétés capitalistes où la consommation est une religion et se moque avec humour et bienveillance des nouvelles formes de militantisme. Il dédie même son livre aux zones humides !
EXTRAITS
- Et puis on a eu de la visite. Des militants venus de l’Est (…). Cela dit, pour rester invisibles, ils devraient arrêter de s’habiller en noir, de faire la gueule et de s’abriter sous une capuche en polaire. Le jour où tous les libertaires se baladeront en chemises hawaïennes, avec un parapluie rose à la main, ils seront moins repérés par tous les tenants du délit de sale gueule.
- J’étais comme détruit. En très peu de temps, je m’étais enfoncé dans une fosse septique générale, dans un lisier existentiel. En voulant faire mon zadiste perso.
- J’entamais sciemment la troisième partie de ma vie, la première ayant été, grosso modo, assez chiante, voire un peu nulle, et la deuxième plutôt complexe, mais pas folichonne non plus.
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