Critique – Madame – Jean-Marie Chevrier
Madame est une originale. Avec ses longues robes, sa voiture hors d’âge, son château familial délabré au cœur de la Creuse, elle semble vivre dans une autre époque.
Pourtant, c’est de nos jours que se déroule cette histoire étrange. Guillaume, le fils des fermiers de la propriété, se rend souvent chez la baronne. Dès qu’il passe le seuil de l’austère demeure, il devient Willy. Il se découvre avec cette femme solitaire un point commun : l’amour de la lecture et de la poésie. Mais cela ne suffit pas à cette Pygmalion en jupon qui veut faire de l’enfant un être instruit et accompli. L’éducation commence par l’apprentissage des mathématiques pour lequel l’adolescent s’avère peu doué. Elle se poursuit par l’enseignement de la religion.
Pourquoi Madame veut-elle à tout prix élever son esprit ? On le sait dès le début. Elle a perdu son unique enfant qui, au moment de sa mort, avait le même âge qui Guillaume. Est-elle une perverse narcissique qui le manipule pour faire revivre son fils ? A-t-elle simplement besoin de compagnie et n’est-t-elle pas la victime du garçon ? Cette relation malsaine, parfois perverse, décrite dans un style au charme désuet, ne manquera pas de provoquer et de déranger le lecteur.
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