Critique – Petit pays – Gaël Faye – Grasset

Critique – Petit pays – Gaël Faye – Grasset


Il fait bon vivre au Burundi au début des années 1990. Les conflits entre ethnies semblent s’être apaisés.

Gabriel, 10 ans, vit avec son père, sa mère et sa petite sœur Ana. Il est métis, un mélange franco-rwandais. La vie est joyeuse dans cette famille de la classe moyenne qui réside dans une maison nichée au fond d’une impasse.

Vingt plus tard, alors qu’il vit dans une ville nouvelle de la région parisienne, Gaby se souvient des odeurs de citronnelle, des couleurs des fleurs des jacarandas, des blagues avec les copains…

Mais l’innocence ne survivra pas au massacre des Tutsis par leurs voisins Hutus. A la place des bougainvilliers, on érige des murs pour protéger les écoles. Les enfants ne seront pas les seules victimes psychologiques de la guerre civile. La mère de Gaby, séparée de son mari, sombrera dans la folie après un voyage au Rwanda où les tueurs à machettes ont accompli leur sinistre besogne.

Texte d’une sobriété poétique aussi bien dans sa description des scènes heureuses que de la violence, « Petit pays », premier roman de Gaël Faye, nous émeut par sa capacité à incarner avec talent le monde de l’enfance.

EXTRAIT

  • Cet après-midi là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J’ai découvert l’antagonisme hutu et tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d’un camp ou d’un autre.
  • La guerre, sans qu’on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi. Moi qui souhaitais rester neutre, je n’ai pas pu. J’étais né avec cette histoire. Elle coulait en moi. Je lui appartenais.
  • (…) depuis quelque temps, des hommes en assassinaient d’autres en toute impunité, sous le même soleil de midi qu’autrefois.
  • A chacun son asile ! Politique pour ceux qui partent, psychotique pour ceux qui restent.

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