Critique – Roman fleuve – Philibert Humm – Éditions des Équateurs

Critique – Roman fleuve – Philibert Humm – Éditions des Équateurs


« Roman fleuve », c’est un peu l’aventure en bas de chez soi et un clin d’œil à « Trois hommes dans un bateau » de Jerome K. Jerome publié en Angleterre en 1889.

Été 2018 sur les quais de Seine à Paris. L’auteur-narrateur, 26 ans, se demande où va toute cette eau. À la mer pense-t-il. Ni une ni deux, il décide d’aller vérifier en descendant le fleuve en bateau. Flanqué de ses amis Samuel Adrian et François Waquet, il se met en quête d’une embarcation bon marché qu’il déniche sur Leboncoin. Il s’agit d’un canoë biplace ayant appartenu à Véronique Sanson qui, le hasard fait bien les choses, réside à Triel-sur-Seine à quelques encablures de la capitale.

Pour éviter de ramer, « activité rébarbative et passablement ennuyeuse », Philibert décrète de « gréer mature » à son esquif baptisé sobrement Bateau. Direction « le roi Merlin » pour acquérir une tringle à rideaux. En guise de voile, un rideau de douche fera l’affaire.

Et voilà les trois compères néophytes en matière de navigation partis pour un périple de 360 kilomètres semé d’embûches et de rencontres incongrues entrecoupées de longues plages de monotonie.

Contrairement à la Loire, la Seine n’est pas un cours d’eau sauvage. Elle est « industrieuse » et fréquentée par des péniches qui sont autant de dangers pour une frêle embarcation. Surtout quand on a oublié la précieuse écope…

Avec un grand sens du comique de situation et de l’autodérision, le narrateur se fait aussi guide touristique en collectionnant moult anecdotes savoureuses sur les us et coutumes des indigènes.

On s’amuse beaucoup à la lecture de cette parodie des romans d’aventure truffée de néologismes et de mots désuets qui, mine de rien, se moque de notre société où le risque zéro est asséné comme un mantra, décourageant toute prise de risque.

Ce livre, lauréat du Prix Interallié en 2022, fait partie de la sélection 2023 du Prix Premières Paroles.

EXTRAIT

On en vient parfois à se demander si la nature ne serait pas fasciste.

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