Critique – Trésor caché – Pascal Quignard – Albin Michel

Critique – Trésor caché – Pascal Quignard – Albin Michel


Louise, la cinquantaine, enterre « le petit Peer », son chat noir qui l’a accompagnée pendant dix-sept ans.

En creusant la tombe, elle découvre une vieille boîte contenant des pièces, un lingot et des bijoux en or. « Elle avait perdu un chat qu’elle aimait et qui, en s’en allant, lui laissait un trésor ».

Cette manne va lui offrir la liberté de laisser sa maison du bord de l’Yonne et de voyager sous des ciels plus cléments, à condition que l’eau soit présente, cette eau qui « fut là avant la vie » symbolisant « l’écoulement jamais interrompu du temps » où rien n’existait, cette eau qui réconforte et comble la solitude.

C’est au bord de la mer Tyrrhénienne qu’elle rencontre Luigi dont les cheveux sont aussi noirs que le pelage de son chat défunt.

Elle et Luigi vont s’aimer jusqu’à ce que la mort de la mère de l’homme bouleverse leur relation… Mais l’amour véritable et absolu, n’est-ce pas aux chats que Louise le voue ? Ces petits félins qui louvoient comme l’onde.

Roman est-il écrit sous le titre du dernier livre de l’auteur à l’œuvre protéiforme. « Trésor caché » est certes un roman mais il ne se résume pas seulement à une histoire.

L’immense culture de Pascal Quignard point en effet dans chaque page qui convoque la mythologie, la philosophie, la musique pour composer un vagabondage spirituel qui n’occulte pas les rapports de Louise à la nature en exaltant les sensations, les impressions, les rêves, les petits plaisirs de la vie et les souvenirs, dont ceux de l’enfance marquée à jamais par le départ de la mère.

L’ensemble forme une cascade érudite et sensorielle.

Avec « Trésor caché », l’auteur, en évitant tous poncifs et en mêlant douceur et violence, joie et tristesse, tendresse et haine, magnifie les épreuves de l’abandon, de la maladie, de la vieillesse et de la mort.

EXTRAITS

  • Même une enfance horrible est un paradis perdu.
  • Il est possible que l’amour soit une tendresse pour la solitude de l’autre.
  • Que l’air mouillé est bon puisqu’il nous prête ses larmes.
  • Ce qui s’éprouve au plus profond du corps reste dans la solitude du corps.
  • Ce n’est plus de l’amour mais c’est beau quand même. […] Nous ne nous aimons plus mais nous nous souvenons de l’amour.
  • Quand le destin plonge un homme dans le terrible esseulement de sa mort, il ne lui reste plus qu’à chérir la solitude.
  • On est toujours profondément chez soi quand on s’assoit sur le bord d’une rivière.

+ There are no comments

Add yours