Critique – Un peu tard dans la saison – Jérôme Leroy – La Table ronde

Critique – Un peu tard dans la saison – Jérôme Leroy – La Table ronde


Dans un futur proche de nous, des hommes et des femmes disparaissent. C’est l’Éclipse.

Comme beaucoup d’entre nous, Guillaume, la cinquantaine désabusée, pense à fuir. Cet homme de gauche serait même le candidat idéal à l’évasion.

Alors que les émeutes se multiplient, il est mal dans une époque qui pratique la tyrannie des nouvelles technologies et d’un capitalisme sauvage et assiste impuissant à la décomposition du monde d’avant.

En parallèle, Agnès, l’expéditive capitaine des services secrets qui liquident allègrement les opposants à l’ordre établi, espionne plus que de raison l’aspirant à l’évanouissement.

Entre récit d’anticipation et roman social et politique, « Un peu tard dans la saison » est un texte intelligent, haletant et au style limpide avec un sens de la formule qui claque et des accents parfois houellebecquiens.

EXTRAITS

  • Moi, j’étais d’une génération qui avait fait disparaître le slow et l’avait remplacé par la pornographie.
  • Ne pas oublier, si on est encore là, de raconter aux enfants des survivants, qui s’ébattront librement dans les jardins du temps retrouvé ou sur les plages du recommencement, que les derniers jours du capitalisme marchand nous avaient fait vivre dans un Disneyland préfasciste, un asile irradié, une soue psychique, une haine de soi mortifère.
  • Dans cinq ans, au maximum, les gens dans la rue porteront tous ou presque des Google Glass. Dans dix, une puce implantée sous la peau. On comprendra, devant une telle perspective, que je travaille avec ardeur à la mise au point d’une machine à remonter le temps.
  • On se sera beaucoup indigné, dans ce monde-là, pas nécessairement sur ce qu’il aurait fallu, mais enfin, cela aura été la posture favorite des contemporains.

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